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Les collages de Joëlle

Prochaine exposition à Bellegarde du Loiret du 5 juin au 17 septembre

16 Mai 2021 , Rédigé par Joëlle Pizzi

 

Prochaine exposition à Bellegarde du Loiret du 5 juin au 17 septembre

 J’ai très peu travaillé sur les natures mortes et sur le thème des fleurs.

Un peu désorientée par ce thème qui m’était imposé, j’ai fait des recherches en histoire, puis en littérature, comme pour m’imprégner de l’univers de cette fleur magnifique.

Voici ce que j’ai retenu avant de créer mes tableaux :

Un petit tour dans le passé historique de Bellegarde m’a appris que la Marquise de Montespan, la mère du duc d’Antin, l’une des favorites les plus flamboyantes de Louis XIV, adorait les fleurs et les parfums. En 1670, son royal amant lui avait fait construire le petit Trianon de Porcelaine, dont le jardin fut confié à un très habile jardinier nommé Lebouteux : il ne tarda pas à être rempli de fleurs les plus variées et les plus odorantes, au point qu’on le surnomma le Jardin des Parfums. La majeure partie de ces plantes avaient été fournies par les « jardiniers » d’Orléans, dont c’était la spécialité.

La marquise de Montespan aimait beaucoup Bellegarde que le duc d’Antin avait transformé en une somptueuse résidence, dans l’écrin d’un élégant jardin à la française, où les roses occupaient déjà leur place de reines des fleurs. A partir de 1690, la Marquise se rapprocha du duc d’Antin, son fils, et fit de nombreux séjours à Bellegarde près de lui.

Cette première référence historique permet d’associer d’emblée la rose à un personnage féminin.

Une deuxième recherche, poétique cette fois m’a convaincue que cette fleur est indissociable non seulement de l’éternel féminin, mais aussi de la beauté, de la jeunesse, de l’amour, du bonheur.

En effet, dans la poésie de toutes les époques, une sorte d’anthropomorphisme de la rose revêt la forme et les qualités d’une jeune femme :  santé physique,  fraîcheur,  beauté,  jeunesse,  teint rosé surtout dans la poésie au  XVe siècle :

rose de l’arrière-plan, rose sensuelle, rose politique, rose symbolique de la fuite du temps .

Je me suis imprégnée de trois poèmes qui m’ont particulièrement inspirée dans la création de mes tableaux .

Les voici :

Le premier, tant connu :  Mignonne, allons voir si la rose, de  Pierre de Ronsard (1524-1585)Tiré du Recueil : Les Odes (1550-1552).

Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avoit desclose
Sa robe de pourpre au Soleil,
A point perdu ceste vesprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vostre pareil.

Las ! voyez comme en peu d'espace,
Mignonne, elle a dessus la place
Las ! las ses beautez laissé cheoir !
Ô vrayment marastre Nature,
Puis qu'une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !


 

Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que vostre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez vostre jeunesse :
Comme à ceste fleur la vieillesse
Fera ternir vostre beauté.

Le second, de Leconte de Lisle , tiré du recueil Poèmes tragiques

Les roses d'Ispahan

Les roses d'Ispahan dans leur gaîne de mousse, 
Les jasmins de Mossoul, les fleurs de l'oranger 
Ont un parfum moins frais, ont une odeur moins douce, 
O blanche Leïlah ! que ton souffle léger.

Ta lèvre est de corail, et ton rire léger 
Sonne mieux que l'eau vive et d'une voix plus douce, 
Mieux que le vent joyeux qui berce l'oranger, 
Mieux que l'oiseau qui chante au bord du nid de mousse.

 

 

Mais la subtile odeur des roses dans leur mousse,
La brise qui se joue autour de l'oranger
Et l'eau vive qui flue avec sa plainte douce
Ont un charme plus sûr que ton amour léger !

O Leïlah ! depuis que de leur vol léger 
Tous les baisers ont fui de ta lèvre si douce, 
Il n'est plus de parfum dans le pâle oranger, 
Ni de céleste arome aux roses dans leur mousse.

L'oiseau, sur le duvet humide et sur la mousse, 
Ne chante plus parmi la rose et l'oranger ; 
L'eau vive des jardins n'a plus de chanson douce, 
L'aube ne dore plus le ciel pur et léger.

Oh ! que ton jeune amour, ce papillon léger,
Revienne vers mon coeur d'une aile prompte et douce,
Et qu'il parfume encor les fleurs de l'oranger,
Les roses d'Ispahan dans leur gaîne de mousse !

 

 

Et enfin, le troisième, un poème d’Aragon qui n’est pas très connu, Rose du premier de l’an  dans son recueil  Les Poètes.

 

« Connaissez-vous la rose-lune
Connaissez-vous la rose-temps
L’autre ressemble autant à l’une
Que dans le miroir de l’étang
L’une à l’autre se reflétant

Connaissez-vous la rose-amère
Faite de sel et de refus
Celle qui fleurit sur la mer
Entre le flux et le reflux
Comme l’arc après qu’il a plu

La rose-songe et la rose-âme
Par bottes au marché vendues
La rose-jeu la rose-gamme
Celle des amours défendues
Et la rose des pas-perdus

Connaissez-vous la rose-crainte
Connaissez-vous la rose-nuit
Toutes les deux qui semblent peintes
Comme à la lèvre est peint le bruit
Comme à l’arbre est pendu le fruit

Toutes les roses que je chante
Toutes les roses de mon choix
Toutes les roses que j’invente
Je les vante en vain de ma voix
Devant la Rose que je vois. »

 

A la lecture de ces poèmes et des références de l’histoire,  j’ai donc représenté des roses intemporelles, surréalistes, surnaturelles, volontairement déstructurées, aux formes inhabituelles, minimalistes pour un seul tableau, ou encore évoquant le regard féminin pour trois d’entre eux , soit un œil au centre de la fleur vue de dessus, soit un œil délicatement posé sur une de ses feuilles qui dévoile un regard bienveillant tourné vers les pétales de la fleur, ou encore, la partie supérieure d’un visage féminin dissimulé discrètement derrière une rose bleue. ..

Ma démarche concrète a été de m’attarder sur l’observation des roses d’un jardin, de dessiner la forme de certains pétales, puis de découper et coller leurs  formes , de les espacer en les détachant les uns des autres, comme si la rose venue de l’espace, venait à se reconstituer d’elle même sous le regard de l’observateur.

 Joëlle Pizzi

 

 

 

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